Qui s’en souvient ? Il fut un temps où prendre le train n’avait guère la cote. La DS, les premières autoroutes et les Caravelle d’Air Inter étaient bien plus attirantes que l’antique chemin de fer. Préoccupée par ce reflux, fouettée par cette désaffection inquiétante, la SNCF eut l’idée de proposer des « rapides » pour se conformer à ce goût naissant pour la vitesse. La construction de l’Europe avait donné naissance aux TEE (Trans Europ Express), qui reliaient en quelques heures les principales villes du continent. Le lancement du Mistral s’inscrit dans ce mouvement général de mobilité accélérée, favorisé par la baguette magique de la fée électricité, qui progressivement efface la traction à vapeur, grande consommatrice de charbon. La grande période des « rapides mythiques » de la SNCF avec Le Mistral, c’est aussi une évolution technologique, climatisation, bar-drugstore, boutique, secrétariat, téléphone et même salon de coiffure. Le « rapide » le plus tendance des Trente Glorieuses était révolutionnaire. - L’archiviste Clive Lamming a sorti sa règle à calcul. Sur l’axe Paris-Lyon, pas moins de 600 000 tonnes de houille étaient brûlées chaque année, plus de 1 000 tonnes par kilomètre… Les travaux pour passer d’une ère à une autre furent dantesques. Rien que sur le tronçon Paris-Lyon, « il a fallu modifier 173 ponts, 21 passerelles, 21 tunnels, modifier les installations téléphoniques PTT et SNCF, construire 51 sous-stations électriques », récapitule Clive Lamming. Le Mistral, alors numéroté 1 et 2, fut créé en 1950, c’est un train de jour, il s’élance de la gare de Lyon, voie A, la moins encombrée d’aiguillages. Il prend le sillage du Train bleu sur la « Ligne impériale » (Paris-Lyon-Méditerranée), le grand axe économique et touristique tracé par le Second Empire. À partir du 14 mai 1950, Paris-Lyon est avalé en 4 h 15, avec des pointes ébouriffantes à 140 km/h.. Il reliait alors Paris à Marseille. C’est en octobre 1952 qu’il fut prolongé jusqu’à Nice et le 30 mai 1965 il devint un Trans Europ Express (TEE). En mai 1971, il est renuméroté 10 et 11. A la mise en service du TGV Paris-Lyon le 27 septembre 1981, ce train est reconverti en train de 1ère et 2ème classe numéroté 180 et 181. Il disparut définitivement le 23 mai 1982 quand le TGV atteignit Marseille. Le train Le MISTRAL était l'un des trains mythiques de la SNCF. Même s'il ne circule plus aujourd'hui, il continue d'être utilisé comme espace d'accueil pour des événements grand public et professionnels. Aujourd’hui, et depuis le 10 juin 2001, pas moins d’une vingtaine de TGV partent, chaque jour, dans chaque sens, pour assurer la relation Paris-Marseille en un peu plus de trois heures environ. Chaque rame « Duplex » transporte environ 1000 voyageurs. L’offre est donc d’environ 20.000 places avec un train environ toutes les heures. La « bagnole » en est toujours à ses embouteillages, même sur l’autoroute, et le trajet est toujours d’une dizaine d’heures. En avion, c’est non seulement politiquement incorrect, mais c’est absurde avec le temps perdu dans les aéroports et le temps perdu sur la route pour y aller. Donc, par rapport à 1954, la SNCF de 2022 a plus que triplé la vitesse d’un grand nombre de ses relations, et a multiplié par plus de 10 l’offre et le nombre de places.

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